Vous m’avez monté un beau grand bateau
À l’ère des technologies de communication, nous devons plus que jamais être aux aguets afin d’éviter de tomber dans le panneau devant la stratégie d’un fraudeur. Souvent « trop belle pour être vraie », l’offre frauduleuse peut être évitée en faisant confiance en nos instincts. Toutefois, les fraudeurs font parfois preuve d’une créativité et d’une audace impressionnante, rendant le tout moins évident.
D’ailleurs, loin de se douter qu’un escroc puisse vouloir s’attaquer à un cabinet de professionnels, il ne faut pas penser que ces cibles sont immunisées. Bien qu’équipés pour déceler les fraudes, ces bureaux peuvent être vulnérables, étant donné qu’ils sont souvent appelés à faire des transferts de fonds pour leurs clients. En effet, ces derniers mois, bon nombre de cabinets furent la cible d’une telle escroquerie. Le stratagème prend la forme du récit qui suit :
L’arnaqueur se présente par voie électronique sous le nom d’un homme d’affaires travaillant pour une entreprise belle et bien incorporée. Il demande l’aide du bureau ciblé afin de procéder à une vente. Une lettre d’intention d’achat bien détaillée est acheminée, et signée par les deux parties. L’acheteur, lui aussi, se dit travailler pour une entreprise également incorporée. Même les adresses courriels correspondent à leurs titres respectifs. De plus, le fraudeur fait toujours affaire avec un courtier bien réel dont l’adresse électronique colle également. La lettre d’intention et la description des biens vendus sont détaillées de sorte que le tout semble tout à fait en norme. Elle prévoit que l’acheteur va déposer une somme d’argent dans le compte du bureau à titre de dépôt afin de payer, notamment, les honoraires professionnels ainsi que les créanciers hypothécaires pour libérer le bien de ses sûretés.
Une traite bancaire ou un chèque certifié est alors déposé par l’acheteur dans le compte de sa victime. Le vendeur fait ensuite pression afin qu’on lui verse une partie de cette somme le plus rapidement possible.
Si le cabinet demande à la banque de virer les fonds sans avoir attendu l’échéance du délai de compensation, il ne pourra s’apercevoir à temps que la traite bancaire est falsifiée. Ce n’est pas parce qu’un chèque est certifié que le danger est hors de portée.
Effectivement, les chèques que la banque reçoit sont gelés pour une certaine période afin de s’assurer que le débiteur possède suffisamment de fonds, qu’il n’a pas annulé le transfert, qu’il s’agisse d’un compte valide et que ce dernier soit toujours ouvert. C’est à cela que sert le délai de compensation.
En fait, un chèque certifié a pour fonction d’assurer que le débiteur possède les fonds suffisants pour procéder au paiement. Cependant, ce moyen de paiement ne garantit pas que le virement ne soit pas annulé.
Une traite bancaire, quant à elle, est également un instrument de paiement très sécuritaire. La banque, après avoir procédé avec le débiteur, garantit au créancier que les fonds seront virés. Toutefois, encore faut-il que la traite soit authentique. Il s’agit effectivement d’un document pouvant être falsifié.
Voici quelques précautions à prendre pour éviter le pire :
- Établir une procédure stricte à l’interne afin de s’assurer que les délais de compensation soient respectés;
- Sensibiliser le personnel à l’importance d’obtenir une preuve d’identité lors de toute conversation avec la clientèle;
- Se fier à son instinct lorsqu’une situation semble suspicieuse en agissant avec prudence.
Soyez vigilants, vous pourriez être la prochaine cible de l’un de ces fraudeurs!